Cameroun : Le kidnapping de Zigagué fait débat

Cameroun : Le kidnapping de Zigagué fait débat

Maroua, le 21 août 2025 (SécuCam360)— Le 13 août dernier, 16 personnes étaient enlevées par des individus non identifiés sur la nationale N°1 reliant Kousseri à Maroua notamment à Zigagué.

Au départ de cet enlèvement d’un autre genre, tous les 16 passagers du bus, y compris le chauffeur, étaient pris en otage. Quelques heures après, le chauffeur et son convoyeur ainsi que les femmes, soit un total de 10 otages ont été libérés par les ravisseurs. Ainsi, depuis plus d’une semaine aujourd’hui, six personnes restent en captivité dont cinq membres d’une même famille. Il s’agit de Easy Brayant Jean Bessala 19 ans, Marie Lylys Mbongo Okala 19 ans, Farelle Marie Faustine Tankeu 17 ans, Princesse Ntonga Okala 15 ans et Albert Raphael Nga 13 ans. Tous ces enfants sont des élèves qui regagnaient Yaoundé après leurs vacances à Kousseri.

Lorsque les ravisseurs ont réussi à entrer en contact avec la famille de ces enfants, une rançon de 50 millions avait d’abord été exigée par ces bandits de grand chemin. Quelques jours après, ce montant a été revu à la baisse soit 5 millions. Une somme que la famille n’arrive pas à réunir jusqu’ici. D’ailleurs, elle implore le gouvernement camerounais afin de trouver une solution pour libérer ces élèves.

Dans une vidéo en circulation depuis quelques jours, l’on peut suivre les négociations entre les membres de la famille de ces enfants et les ravisseurs où la famille affirme ne disposer que de la somme de 250.000Fcfa. Seulement, dans ces échanges entre les deux parties, la conversation est menée en fulfulde (langue locale la plus utilisée dans le Cameroun septentrional) et en français. Cet élément créé un doute sur l’information selon laquelle le rapt aurait été perpétré sous la bannière de Boko Haram dont les combattants s’expriment, généralement, en haoussa ou en anglais. Cet indice linguistique permet alors de supposer que l’odieux kidnapping de Zigagué serait le fait d’une ou plusieurs personnes bien coordonnées sur le plan local. « Le bus est arrivé aux environs de 17h à Zigagué et ne pouvait plus continuer pour des raisons de sécurité. Le lendemain aux premières heures, le bus a repris la route en direction de Maroua avec ses passagers. C’est donc entre Zigagué et Salé que l’enlèvement a eu lieu. Mais le mode opératoire laisse croire qu’il s’agit d’une prise d’otage planifiée par la population locale, parce que les membres de Boko Haram ne parlent pas français et c’est un élément très important », souligne une source sécuritaire.

Le silence du gouvernement fait parler les opposants

Depuis ce triste évènement, l’Etat, à travers son gouvernement et ses relais locaux, est resté silencieux. Pas le moindre communiqué sur le sujet. Une perche a donc été tendue, une fois de plus, aux partis dits de l’opposition en cette période électorale. Dans sa sortie sur ce sujet, Pr Maurice Kamto présente sa compassion aux différentes familles tout en déplorant le silence du gouvernement. « Comment peut-on expliquer aux camerounais qu’après plus de 10 ans de guerre contre l’insécurité dans cette partie du territoire national, on y déplore encore des kidnappings de masse ? », s’interroge le candidat recalé à l’élection du 12 octobre prochain. La Présidente de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC), quant à elle, s’est fendue d’un communiqué. Tomaino Ndam Njoya apporte ainsi tout son soutien à la mère des cinq enfants détenus en captivité et interpelle le gouvernement à communiquer sur ce kidnapping et à renforcer la sécurité sur les axes routiers dans les zones à risque. En même temps, la femme politique appelle les populations à dénoncer toute complicité avec les groupes terroristes. « Il est urgent de repenser notre dispositif sécuritaire en mettant l’accent sur la prévention, le renseignement de proximité, la coopération avec les communautés locales et la sécurisation effective des axes routiers », écrit Tomaino Ndam Njoya. Dans le même sillage, Pierre Kwemo, Président de l’Union des Mouvements Socialistes (UMS) apporte son soutien aux membres de la famille des élèves pris en otage et dénonce le silence du gouvernement à travers ce qu’il appelle « une offense à la douleur des familles et un aveu d’impuissance ». Sur sa page Facebook, Mamadou Mota, président intérimaire du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), demande la libération immédiate des otages et invite le gouvernement et la communauté internationale à une mobilisation afin d’obtenir la libération de ces enfants. L’on se souvient encore de la mobilisation faite autour de l’enlèvement du 19 février 2013 de la Moulin-Fournier qui a été libérée à Kolofata le 19 avril 2013 soit 48 jours après leur captivité. Cette famille a d’ailleurs été reçue quelques heures après par le Président de la République du Cameroun S.E Paul Biya.

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