Touboro, le 05 février 2025 (SécuCam360)— Depuis qu’elles sont parties chercher du bois de chauffe lundi dernier, dans la localité de Mayo-Mbi, ces femmes n’ont plus rejoint leur village et les différentes familles restent sans aucune nouvelle.

Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle, l’arrondissement de Touboro situé dans le département du Mayo-Rey dans la région du Nord est dans l’étau des preneurs d’otages. Si autrefois les éleveurs étaient les principales victimes de ces bandits de grand chemin, aujourd’hui à Touboro, personne n’est épargné. Ainsi, cette ville paye le prix de sa proximité avec le Tchad et la République Centrafricaine. Pour le premier magistrat municipal de Touboro, le phénomène des prises d’otages avec demande des fortes rançons se vit de manière quotidienne. « Ici c’est chaque jour qu’on enregistre les cas d’enlèvement. Il y en a même qu’on prend en otage sans que les autorités soient informées. Ici, on enlève tous les jours et on libère également tous les jours. Le djaoro qui a été enlevé il y a de cela deux semaines à Touboro a été libéré lundi soir après paiement de la rançon bien sûr », déplore Célestin Yandal, maire de la commune de Touboro.

Selon toute vraisemblance, la bande qui aurait pris en otage les 08 femmes à Mayo-Mbi lundi matin serait responsable de plusieurs autres rapts dans la zone. Aussitôt alertés, les forces de défense et de sécurité se sont mobilisées afin de procéder à un ratissage. Malheureusement elles ont fait face à la porosité des frontières entre le Cameroun et le Tchad, et, entre le Cameroun et la République Centrafricaine. « Comme le Tchad est en train de frapper partout, ces derniers temps, ces malfrats nous écument. Le gros problème qu’on a c’est qu’il y a des zones au niveau du Tchad où ils amènent toujours leurs otages. Mais comme nous n’avons pas le droit de poursuite, on n’y peut rien », regrette Elias Noudjigumen, sous-préfet de l’arrondissement de Touboro.
En plus, l’autorité administrative affirme travailler en étroite collaboration avec son homologue tchadien, mais la situation ne change toujours pas. « Nous n’arrivons pas à comprendre comment tous nos otages sont toujours libérés du côté du Tchad. C’est ça toute la question que l’on se pose. Actuellement je m’apprête à aller récupérer du côté du Tchad, deux otages qui ont été enlevés la semaine dernière ici à Landjongué », fait savoir le sous-préfet de l’arrondissement de Touboro.
Pour, peut-être, apporter un début de solution face à cette situation qui perdure depuis plus d’une décennie, il est nécessaire que le Cameroun, le Tchad et la République Centrafricaine signent une convention sur la création et la mise en service immédiate d’une force multinationale. Aussi, une convention sur le droit de poursuite entre ces trois pays devient une nécessité pour la sécurité des personnes et de leurs biens. Ce n’est qu’ainsi que les populations de ces zones frontalières retrouveront la paix. Dans le cas contraire, Touboro restera la proie de ces ravisseurs et, petit à petit, les populations mourront de faim, les familles ne parvenant plus à se rendre dans les champs qui restent leur principale source de revenus.