
Guider, le 08 juin 2025 (SécuCam360)— « Tout le monde a mis la main à la pâte »
Le département du Mayo-Louti était, à un certain moment, la vache à lait des preneurs d’otages avec demandes de fortes rançons. Aujourd’hui nous constatons une certaine accalmie. Quelle est votre stratégie ?
Je voudrais déjà parler sans triomphalisme et respecter ce que mes prédécesseurs ont pu faire lors de leurs passages. Je crois que nous avons, depuis trois ans que je suis à la tête du département du Mayo-Louti en liaison avec les populations engrangées, beaucoup de bons résultats dans cette lutte contre l’insécurité, notamment, comme vous l’avez relevé, les enlèvements avec demandes de rançons. Cela n’a pas été une lutte facile. Il fallait convaincre un certain nombre de personnes, principalement, les populations dans les villages qui avaient peur des représailles, de nous donner des renseignements fiables. Je crois qu’à chaque fois qu’on les recevait, nous avons toujours réagi promptement. Je pense que ces réactions promptes sur le terrain, ces opérations, ces battues ont pu conforter ces populations dans le sens de collaborer avec nous. Donc, rendu à plusieurs descentes, plusieurs interpellations de gangs assez dangereux dont je vais taire ici les identités, nous avons atteint cette accalmie qu’il faut toujours relativiser, mais qui, en réalité sur le plan sécuritaire est une embellie perceptible.
Votre département est frontalier de deux pays notamment le Tchad et le Nigeria. Est-ce que vous entretenez de bons rapports avec ces amis voisins ?
Il y a tellement de brassage communautaire, religieux, sociodémographique que ce soit au niveau de la frontière avec le Tchad ou le Nigeria, il est impossible de ne pas travailler en parfaite harmonie avec les autorités voisines. Nous avons établi un contact avec ces dernières sur le plan diplomatique et, lors de certains évènements, elles se sont rendues ici. Principalement, il y a quelques mois, quelques autorités administratives du Tchad (les préfets et le gouverneur de la région à proximité) pour consolider ces relations transfrontalières. Il me semble qu’à ce niveau aussi, ce qui a pu contenir certaines incursions et préserver les bonnes relations entre nos deux pays. Avec les populations qui cohabitent au niveau de ces frontières, je crois qu’on pourrait se féliciter de cette bonne entente. J’aimerais aussi saluer l’action des unités qui sont à ces frontières, sans les citer pour éviter les frustrations puisque tout le monde a mis la main à la pâte, tout le monde a collaboré. Il y a une belle synergie, comme je le disais, les renseignements portent des fruits quand ils sont acheminés à notre niveau.

Parlant justement de synergie, il a été signalé que vous avez créé une mutualisation de forces entre les comités de vigilance du Cameroun et du Nigeria qui se rencontrent une ou deux fois par mois…
Oui ! oui ! nous avons essayé de concevoir des stratégies dans ce sens. Nous nous concertons régulièrement, mensuellement et dès que nécessaire. Je dois dire quand-même que les chefs traditionnels nous facilitent la tâche. Vous pouvez vous renseigner, les comités de vigilance apprécient naturellement notre encadrement et nous leur rendons ce respect qu’ils nous témoignent. Vous voyez que de manière générale, tous les groupes, quelles que soient les sensibilités, quelles que soient les missions administratives, travaillent ensemble. Ce n’est pas une réussite qui revient ou qu’on peut simplement attribuer au Préfet. Il s’agit d’un succès collectif à mettre au crédit de l’ensemble des responsables du département du Mayo-Louti, à savoir les chefs traditionnels, les municipalités, les forces de défense et de sécurité et, ces comités de vigilance qui, vraiment, ne dorment pas et que je ne manque pas de féliciter chaque fois.
A l’occasion de la 53e édition de la fête de l’unité nationale, vous avez organisé un tournoi de football qui a mobilisé des milliers de jeunes du département du Mayo-Louti. Est-ce qu’on peut dire que cette émulation de la jeunesse à travers le sport contribue à la lutte contre l’insécurité ?
Je crois que les activités et les politiques de gouvernance de manière globale, devraient intégrer encore plus qu’actuellement le pan socioculturel, touristique et sportif. Je crois que ce sont des problématiques et des secteurs qui vont ensemble. Nous avons pensé qu’autour du sport, notamment avec le championnat de l’unité, il fallait véhiculer ces valeurs de vivre ensemble, de fraternité. Vous voyez que lors de l’apothéose, au 20 mai dernier, une foule imposante était présente. Après des efforts sécuritaires, il fallait quand-même détendre les populations à travers le sport. Aussi, sur le plan touristique, si vous avez aperçu l’UNESCO représenté là, c’est tout simplement parce que les gorges de Kola sont en train d’être érigées en géo-parc mondial de l’UNESCO, si les modalités et le processus atteint son paroxysme. Ces pans là nous intéressent ; le pan sportif qui a vu son apothéose le 20 mai dernier avec la participation de toutes les équipes, et, nous travaillons également sur le plan touristique.