Depuis plusieurs années déjà, la région de l’Adamaoua et la zone de Touboro sont confrontées à une recrudescence des enlèvements, ciblant en particulier les éleveurs et leurs familles. Ce phénomène, qui a évolué de simples actes de banditisme routier vers une industrie de la prise d’otages, bouleverse la vie des communautés et installe un climat de peur dans ces zones autrefois paisible.

Les criminels opèrent souvent de nuit, infiltrant des villages isolés où la protection est insuffisante. S’appuyant sur des complicités locales, ils identifient leurs cibles parmi les familles d’éleveurs réputées pour leur prospérité. Ces ravisseurs, généralement armés, n’hésitent pas à employer la violence. Une fois les otages capturés, ils traversent à pied la brousse, rejoignant des zones de refuge à la frontière où ils demeurent hors d’atteinte des forces de sécurité.
Installés en territoire sûr, les ravisseurs exigent des rançons auprès des familles, montant souvent à des dizaines de millions de francs CFA. Le paiement s’effectue discrètement, car toute tentative d’intervention de la part des autorités pourrait mettre en péril la vie des otages. Si la rançon n’est pas versée, les criminels n’hésitent pas à exécuter leurs captifs. Ce système bien huilé profite des failles sécuritaires et des difficultés logistiques des autorités pour s’imposer comme une industrie criminelle régionale.
Les enlèvements ont un impact dévastateur, tant sur le plan humain qu’économique. Les familles endeuillées ou ruinées doivent souvent vendre leurs biens ou s’endetter lourdement pour libérer leurs proches. En conséquence, de nombreux éleveurs abandonnent leurs terres, cherchant à fuir une menace omniprésente. Cette situation fragilise l’économie régionale, autrefois prospère, entraînant une chute des investissements et une perte de confiance entre voisins.
En réaction
Conscientes de la gravité de la situation, les autorités camerounaises ont pris des mesures pour tenter de freiner cette vague d’enlèvements. Des forces spéciales ont été déployées, des opérations conjointes ont été menées et des dispositifs de surveillance renforcés dans les zones à risque. Ces efforts ont permis de réduire en partie les prises d’otages, mais les ravisseurs, en réponse, affinent constamment leurs tactiques, exploitant la connaissance du terrain et développant de nouvelles stratégies pour contourner les dispositifs de sécurité.
Cette guerre d’adaptation entre forces de l’ordre et criminels montre que, malgré les moyens mis en place, la lutte est loin d’être gagnée. Sans un appui plus conséquent et une collaboration transfrontalière renforcée, ce fléau risque de continuer à ravager les familles et à paralyser cette région camerounaise.

Quelques chiffres
Lors des multiples accrochages, les éléments du 5e Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) ont libéré 18 otages entre janvier et août 2024. Aussi, pendant cette même période, 08 malfrats ont été neutralisés, 11 armes et 1441 munitions ont été récupérées chez les ravisseurs. Malheureusement ces opérations ont causé la mort de deux otages. La période la plus propice pour les ravisseurs est celle allant de décembre à avril, car la saison sèche facilite le mouvement des ravisseurs avec leurs otages, et les rivières sont asséchées, facilitant la traversé. C’est donc en pareille période que les différents comités de vigilance doivent doubler de vigilance afin d’anticiper à toutes éventualités des infiltrations des inconnus dans les villages.
Merci banadiko, tes articles sur ce fléau nous renseigne énormément